Chronique

Orchestre des Jeunes de la Méditerranée

Medinea Sessions Live at Festival d’Aix en Provence

Label / Distribution : Out There / Out Note

Depuis quarante ans maintenant, l’Orchestre des Jeunes de la Méditerranée (OJM) favorise le dialogue entre les différents pays et les différentes cultures du pourtour méditerranéen à travers l’échange entre jeunes musiciens. Il permet chaque année de faire jouer ensemble des musiciens, des Balkans au Maghreb, dans le cadre du renommé festival d’Art lyrique d’Aix-en-Provence. Souvent des programmes classiques : dirigés par Sir Simon Rattle en 2015, Mahler et Verdi étaient au programme. En 2022, adossé au programme Medinea, soutenu par l’Union Européenne, dont les buts sont similaires, c’est notamment à l’improvisation collective que s’est attelé l’orchestre, sous la direction artistique de Fabrizio Cassol, avec des musiciens comme la violoncelliste Adèle Viret ou le remarquable joueur de kaval bulgare Georgi Dobrev, qu’on avait pu découvrir à l’occasion des 30 ans d’Aka Moon.

Il en résulte un concert joyeux, qu’on imagine accompagner les douces nuits d’été du festival provençal. L’échange est au cœur du programme, et des joueurs d’oud (Sarra Douik notamment, qui chante également sur la remarquable suite « Désert ») aux percussions (notons, outre la batterie de Pierre Hurty, membre du quartet d’Adèle Viret, le travail de Hamdi Jammoussi, souvent salué par Cassol), le travail rythmique de l’orchestre, forcément complexe, se marie à merveille avec la roborative section de cordes, qui construit littéralement la pâte sonore de ces Medinea Sessions. Le travail de la harpiste italienne Ottavia Rinaldi est toujours au pivot des mouvements de l’orchestre. Appuyée sur des voix, comme celle de la soprano Claron McFadden aux côtés de la tunisienne Wafa Abbès, c’est une plongée profonde dans l’âme de la musique méditerranéenne, du Bosphore au Liban, que nous offre l’OJM.

Évidemment, sous la direction bienveillante de Cassol, on ne peut s’empêcher de penser à Amazir, l’un des très grands albums d’Aka Moon. Si la patte est là, dans la fluidité de l’orchestre, c’est davantage une expression de ces jeunes improvisateurs, une euphorie collective et une légèreté qui ne peut que donner le sourire ; on notera quand même une courte citation de « Amazir » dans « Désert ». Davantage un clin d’œil. La plupart des musiciens de cet OJM sont des talents en devenir ou déjà installés qui apportent une fraîcheur bienvenue.

par Franpi Barriaux // Publié le 1er décembre 2024
P.-S. :

Wafa Abbès (voc), Ahmet Ozan Baysal (baglama), Rahma Bel Haj Yahia, Sarra Douik (oud, voc), Giovanni Chirico, Hacène Zemrani (ts), Georgi Dobrev (kaval), Bernat Cucarella Sifre (perc), Elif Canfeza Gunduz (kemenche), Colin Heller (nickelharpa), Pierre Hurty (dm), Hamdi Jammoussi (perc), Alexandros Kentris (bouzouki), Panagiotis Lazaridis (cl), Ahmed Litaiem (ney), Matteo Nicolin (g), Dimitria-Mirsini Pontikopoulou-Venier, Athina Siskaki (vln), Benoit Quentin (b), Wajdi Riahi (p), Ottavia Rinaldi (hp),Adèle Viret (cello),Oscar Viret (trompette)