Chronique

Jeppe Zeeberg

Occasionally, Good Things Do Happen

Erik Kimestad, tr ; Julie Kjær, as, fl ; Ned Ferm, ts ; Petter Hängsel, trb, rec ; Henrik Olsson, g ; Casper Nyvang Rask, b, g ; Oliver Laumann, d ; Søren Høi, d, perc ; Jeppe Zeeberg, p, synth, org, mar

Label / Distribution : Autoproduction

Projet ambitieux qui veut délivrer une “life-affirming music for fucked-up times”, une musique très optimiste et joyeuse alors que le monde court à sa perte, le nouveau disque du pianiste et compositeur danois Jeppe Zeeberg est une pierre ciselée de plus, ajoutée à l’édifice majestueux de sa discographie.

Occasionally, Good Things Do Happen - à commencer par ce disque lui-même - vient confirmer la richesse et l’inventivité des compositions du leader, véritable corne d’abondance dans laquelle on trouve de tout, de toutes tailles, tous parfums et toutes couleurs.
Les esthétiques musicales s’enchaînent et se superposent, passant de façon kaléidoscopique d’une chevauchée rock à un solo free de piano ou d’un accidentel appel d’appeau à une fanfare neo-funk électrisée. Aucune limite dans l’énergie et le plaisir à jouer pour ce groupe, constitué en partie par le quartet habituel du pianiste, le fameux « Jeppe Zeeberg and the Absolute Pinnacle of Human Achievement » (avec Høi, Holson et Rask) et de nombreux.ses invitée.e.s de la scène danoise (Ned Ferm, Julie Kjær, Erik Kimestad, Petter Hängsel…) qui gravitent déjà et souvent autour de Jeppe Zeeberg (notamment avec le groupe Horse Orchestra).

Comme à son habitude, Zeeberg dirige son projet de A à Z et ce disque a encore vu le jour grâce à un crowdfunding qui lui permet d’assurer la production et d’en réaliser la pochette. (Il vend d’ailleurs sa production sur sa page bandcamp, c’est bientôt Noël, qu’attendez-vous ?)

Enfin, comme pour les albums précédents, on y trouve toujours la petite pépite. Ce morceau qui, sans forcément briller plus que les autres, reste en tête par sa structure populaire et attachante, se chantonne, s’écoute en boucle. C’était « Directions on What to Do » sur Universal Disappointment, « Puritanical Pleasures » sur The Full Experience et « Arietta Variation III » sur Conventional. Ici, c’est le titre éponyme « Occasionally, Good Things Do Happen » qui clôt le disque et qui laisse une traînée nostalgique cinématographique, comme un générique de fin qui déroule sur la dernière image du film.

Il est assez rare de trouver pareil musicien à l’univers si personnel, si jeune et si affirmé. Plus le temps passe, plus son oeuvre s’étoffe, plus on voit se dessiner les contours de sa cosmogonie musicale, véritable caverne d’Ali-Baba, d’où sortent régulièrement les idées les plus baroques et chatoyantes de la scène européenne. Il serait dommage de passer à côté.

par Matthieu Jouan // Publié le 1er octobre 2023
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