
Pologne, l’éternel printemps
Focus sur une des places fortes du jazz en Europe.
Pałac Kultury i Nauki de Varsovie © Matthieu Jouan
Considéré comme la pointe nord de l’Europe centrale, la Pologne a une histoire millénaire faite de déchirements, d’occupations et de libérations qui nourrissent une veine artistique toujours vivace. Sur le front du jazz et de l’ensemble des musiques d’art et d’essai, le territoire polonais s’est imposé au fil du temps comme un lieu incontournable, où des labels comme la Fundacja Słuchaj ou Not Two constituent un patrimoine inédit qui concerne l’Europe et même les États-Unis. Terre de festivals depuis les Jazz Jamboree qui ont contribué à percer le rideau de fer, la Pologne continue à couver des générations dorées qui irriguent la créativité de nos musiques.
Les débuts du jazz en Pologne s’avèrent assez poussifs, cantonnés aux lieux de bals et aux restaurants, comme ce fut le cas dans beaucoup de pays d’Europe Centrale. Cela passe notamment par l’émergence du Dixieland autour du saxophoniste Zygmunt Karasiński qui fit ses premières armes à Berlin avant de fonder un orchestre où l’on trouvait le trompettiste Eddie Rosner qui tangentera les décennies suivantes du jazz polonais. Le rôle de la musique classique, et singulièrement de Chopin, marque les esprits, révélant des pianistes s’orientant vers le jazz après avoir eu des succès populaires avec le tango comme Jerzy Peterburski.
Chose remarquable, au regard d’un marqueur qui va occuper toute l’histoire du jazz en Pologne, c’est dans les cinémas que se développera la culture du jazz, autour des films muets, à l’image d’Henryk Wars, un des premiers grands compositeurs polonais de cinéma influencés par le jazz. D’origine juive, Wars s’exilera aux États-Unis en 1947 où il composera pour le cinéma (Sept hommes à abattre avec John Wayne) et la télévision [1]. En 1927, il compose « New York Times ». Ce foxtrot interprété par son orchestre constitue l’un des premiers succès internationaux polonais.
Le désordre politique qui marque la vie quotidienne polonaise va paradoxalement accélérer l’histoire nationale du jazz, en créant les conditions d’un développement clandestin et underground [2] qui nourrit encore de nos jours la vivacité de la scène polonaise. En septembre 1939, suite à la signature du pacte germano-soviétique, les nazis prennent le contrôle de Varsovie, alors que l’URSS envahit le nord-est du pays. Fuyant le nazisme, les musiciens de jazz, souvent issus de la communauté juive, parviennent à rejoindre l’Europe ou les États-Unis pour certains, ou encore la résistance. D’autres, comme Rosner, s’installent à Białystok, sous contrôle soviétique, ou dans l’ukrainienne Lviv, polonaise à l’époque. Il est chargé par les caciques soviétiques d’organiser une scène-vitrine, jusqu’à la grande séparation de Yalta, qui rebat les cartes.
Pour les musiciens de jazz, passer de l’Entartete Musik à la défiance stalinienne vis à vis du jazz [3] ressemble à une transition. De 1945 à 1949, une tolérance est accordée, notamment au violoniste Kazimierz Turewicz qui structure une scène jazz à Kraków [4], autour notamment de son Turewicz Big Band, où démarrera le célèbre saxophoniste Jerzy Matuszkiewicz, futur leader de Melomani. Pendant ce temps, à Varsovie, Zygmunt Karasiński forme des orchestres destinés à jouer dans les hôtels internationaux. Le point d’orgue de cette période se situe en mai 1947, où une jam session réunit des musiciens polonais dans l’orchestre du Tchèque Charles Bovery. Cet évènement est organisé par le journaliste Leopold Tyrmand qui reste l’un des témoins les plus sûrs de cette période que le régime stalinien clôturera en 1949 en fermant les lieux de concert, considérant le jazz comme un outil de propagande de l’Ouest.
Né dans les auberges de jeunesse de Varsovie, un mouvement plus radical va se déplacer dans les Catacombes
De Yalta à la mort de Staline en 1953, il est devenu très compliqué de jouer du jazz en Pologne, ou alors comme dans tous les pays du bloc soviétique, en le mâtinant avec des rythmes traditionnels (polka, mazurka, etc.). Né dans les auberges de jeunesse de Varsovie, un mouvement plus radical va se déplacer dans les Catacombes, forgeant paradoxalement une scène puissante. Tyrmand en est un observateur fin, malgré un détachement snob qui confère au conservatisme : c’est cette lente déliquescence de la culture sous Staline qu’il expose dans Journal 1954, un de ses rares livres traduits en français [5]. De ces années de semi-clandestinité, un orchestre émerge, Melomani [6] , où débute un jeune pianiste de Poznán, Krzysztof Trciński qui prendra le nom de Krzysztof Komeda [7]. Sous l’impulsion du saxophoniste Jerzy Matuszkiewicz, considéré comme l’un des maîtres de ce qui deviendra le Polish Jazz, c’est toute une scène qui se structure.
Les cinq années 1953 à 1958 vont être cruciales dans l’histoire du jazz polonais. Les choses s’accélèrent. La déstalinisation entraîne une sortie des catacombes : à la Toussaint 54, Cracovie accueille une Jazz Convention qui se nourrit des programmes de Voice of America. On retrouve des musiciens de chaque ville qui compte, de Łodz à Poznań. En 1955, Varsovie accueille un évènement international appuyé par le Komintern où des musiciens polonais, dont Melomani ou le quintet d’Andrezj Kurylewicz avec la chanteuse Wanda Warska, croisent des musiciens anglais et français. Ce changement de pied nourrit une forme de Soft Power balbutiant assez inédit de l’autre côté du rideau de fer : dès 1955, des tournois de jazz sont organisés à Varsovie sous l’impulsion de Zofia Lach qui épousera Komeda. Autour du vétéran Józef Mazurkiewicz, c’est toute une jeune scène qui émerge et s’ouvre au monde : un orchestre « All-Stars » de Pologne se produit à Copenhague [8], de nombreux clubs ouvrent leurs portes dans les grandes villes polonaises à destination d’une jeunesse étudiante, comme le Hot Club Hybrydy à Varsovie.
Parallèlement, Tyrmand se saisit de cette ouverture pour fonder en 56 à Sopot, petite ville balnéaire non loin de Gdánsk, le Sopot Festival, qui existe toujours. C’est un acte fondateur, largement documenté, qui présente notamment le Sekstet Komedy [9]. Il fait suite à la mise en avant, en 1956, du saxophoniste Jan Wróblewski dans un orchestre international de jeunes qui jouera au Festival de Newport aux USA. En 1957 à Sopot, des américains sont invités et des rencontres d’amitiés internationales se multiplient… Peut-être un peu trop vite.
Les autorités post-staliniennes tuent Sopot pour des raisons de trouble à l’ordre public. En septembre 1958, le Hot Club Hybrydy fonde ce qui sera la chimie pure du jazz polonais : les Jazz Jamborees qui seront pendant des décennies la colonne vertébrale de la scène nationale et internationale. On y entend notamment le batteur Andrezj Dąbrowski, qui avant de devenir chanteur populaire jouera avec Stan Getz au Jazz Jamboree de 1960 en trio avec le contrebassiste Roman Dyląg. Ce concert, enregistré pour la radio polonaise, constitue l’un des trésors archivistiques de la radio, qui contribuera à donner une place à part au jazz polonais. D’autres groupes marqueront les premières années de ces Jazz Jamborees, tel les Wreckers d’Andrzej Trzaskowski [10] avec Dyląg et Dąbrowski. Ce groupe jouera aux États-Unis en 1962, toujours avec le concours de Stan Getz. C’est la projection des années 60 et 70 du jazz polonais, avec l’apparition de Wojciech Karolak, organiste, qui marquera jusqu’aux États-Unis avec le démesuré Easy en 1974. De retour des USA, l’orchestre de Trzaskowski, très surveillé, devient quintet avec un jeune trompettiste, Tomasz Stańko, appelé à devenir la figure de proue du jazz polonais.
On l’a vu, le jazz polonais est intimement lié au cinéma, qui a toujours été mis en avant par le pouvoir soviétique. Après avoir été un refuge avant-guerre et dans son immédiate suite, la musique de film est le village Potemkine du jazz. En 1981, le réalisateur Feliks Falk fait paraître Był Jazz (c’était le jazz) consacré à l’histoire de Melomani, comme pour boucler une boucle [11]. Jerzy Matuszkiewicz, décédé en 2021, travaillera pour le cinéma dès 1959, tout comme Jan Wróblewski, tous les deux pour des films noirs de Jan Rybkowski. En 1960, le grand Andrzej Wajda tourne Les Innocents charmeurs, un film qui parle de jazz et de jeunesse avec Krzysztof Komeda acteur et compositeur. Deux ans avant, Polanski demande à Komeda de composer pour Deux hommes et une armoire, première collaboration Komeda/Polanski qui ne prendra fin qu’avec la mort tragique du compositeur en 1969. La vie de Komeda, laryngologiste de formation et âme damnée du jazz polonais, est un roman à elle seule ; il meurt à l’âge de 37 ans avec une discographie ahurissante. Il aura, grâce à la confiance de Polanski, la possibilité de composer pour Hollywood (Rosemary’s Baby, Le Bal des vampires). On s’arrêtera cependant sur son chef-d’œuvre, la bande originale du film belgo-polonais Le départ de Jerzy Skolimowski, présente sur le coffret Jazz In Polish Cinema (Out Of The Underground 1958-1967).
- La pochette de Jazz in Polish Cinema : une photo des Innocents Charmeurs de Wajda, Komeda dernier assis à droite.
L’hybridation du jazz, commune à tous les pays derrière le rideau de fer, si elle passe par la musique folklorique, doit beaucoup au cinéma. Dave Brubeck, un des premiers occidentaux à jouer en Pologne, se passionne pour Chopin [12]. L’influence du Third Stream de Gunther Schuller ne tarde pas à peser, d’autant que la scène de la musique contemporaine d’avant-garde est vivace et que Schuller y est acteur. Le remarquable Astigmatic de Komeda [13], au line-up européen, en est le symbole. Parallèlement, la radio polonaise ouvre un studio d’électronique d’avant-garde qui va permettre de développer l’expérimentation. En 1971, le compositeur Krzysztof Penderecki rencontrera Don Cherry et son New Eternal Rythm Orchestra (avec Tomasz Stańko au Donaueschingen Festival en Allemagne. De cette rencontre, il existe un témoignage en disque, l’incroyable Actions, d’une modernité rare). Le jazz est devenu incontournable en Pologne dans les années 70, toujours porté par les Jazz Jamborees. En 1973, Don Cherry s’y produit avec son Organic Music Theatre, quelques mois après avoir joué à Châteauvallon.
Si le jazz en Pologne jouit d’un statut à part dans la galaxie des satellites de l’URSS, les années 70 polonaises ressemblent fort au mouvement de fond qui se produit en Hongrie, en Tchécoslovaquie ou en Yougoslavie. S’il y a beaucoup de défections et d’exils (Andrzej Trzaskowski notamment gagne la Scandinavie), les musiciens qui restent éprouvent la séparation progressive entre une avant-garde marquée par le free jazz et les musiques contemporaines et une électrification massive de la musique qui conduit vers la fusion et le jazz-rock. Si elle est sensible dans le pays (20 ans avant, la même césure a concerné un jazz très traditionnel et le Third Stream), elle est surtout ici synonyme de brèches dans le rideau de fer. L’avant-garde est incarnée par Tomasz Stańko.
Influencé par le free jazz et notamment Don Cherry et Ornette Coleman, il jouera très vite avec des musiciens américains, sans rien renier de ses premières années aux côtés de Komeda. Il est un avatar de ce qu’on peut qualifier de son ECM. Deux disques résument son style et son importance dans le jazz transatlantique : d’abord le fameux Balladyna de 1976 chez ECM avec Dave Holland et le Finlandais Edward Vesala, fondateur [14]. On aura une oreille particulière pour son hommage à Komeda, l’incroyable Music For K [15] avec son quintet polonais, enregistré à Warsaw en 1970 et qui reste de loin l’une des gemmes les plus brillantes du jazz polonais ; sa carrière sera jalonnée de pépites jusqu’à son décès en 2018. Notons entre autre le très novateur Freelectronic avec Vitold Rek à la basse électrique et Tadeusz Sudnik à l’électronique qui, dès 1985, annonce les tendances des années 90.
- Tomasz Stańko, Axel Dörner © Gérard Boisnel
Autre figure fugace mais absolument marquante de la scène jazz et fusion de la période, le saxophoniste et (surtout) violoniste Zbigniew Seifert meurt en 1979 avant ses 33 ans, ce qui soulignera le côté très sombre des années 80 polonaises. Un prix de composition lui est dédié, remporté récemment par la talentueuse violoniste Amalia Obrębowska. Nous avions consacré un portrait à Seifert il y a quelques mois.
Pour le mouvement fusion ou jazz-rock, des figures apparaissent vite comme le violoniste et saxophoniste Michał Urbaniak, qui s’inscrit dans la grande tradition des violonistes polonais. Son album Fusion de 1974, avec la formidable vocaliste Urszula Dudziak [16] reste un modèle ; vite exilé à l’Ouest, il jouera avec Billy Cobham et Miles Davis. Dans cette sphère, on se régalera du Kuyaviak Goes Funky [17] du saxophoniste Zbigniew Namysłowski en 1975. Le morceau titre deviendra un standard derrière le rideau de fer. Enfin, on citera l’orchestre Extra Ball du pianiste Władysław Sendecki et du guitariste Jarosław Šmietana ; Go Ahead [18] en 1979 est un classique du genre. Cette passion pour la fusion occupera le plus clair des années 80 avec des fortunes diverses, soulignant surtout l’éclatement géographique de la scène jazz polonaise, souvent en exil ou en voyage de longue durée entre la Scandinavie, les États-Unis ou même la Turquie et l’Inde.
Avec les années 80, la Pologne s’enfonce politiquement dans la crise. Le mouvement Solidarność représenté par un ouvrier électricien, syndicaliste de Gdańsk, Lech Wałęsa, est un des premiers coups de boutoir sur le mur. Conséquemment, le pouvoir se raidit et la musique de jazz, comme tous les mouvements d’émancipation, replonge dans une forme de clandestinité et, partant, dans un retour aux origines. C’est vrai pour la forme, moins pour le fond : après un mouvement de contestation mené par le flûtiste Krzysztof Popek, les cartes du jazz sont rebattues : devenu un très institutionnel outil du pouvoir exsangue, le jazz polonais se doit de laisser la place à un mouvement inédit qui accompagnera la fin du siècle, le Yass, porté par des orchestres comme Miłość et le guitariste Ryszard Tymon Tymański. Un mélange purement polonais de free jazz, d’électronique, de new wave et de punk. En 1992, le trio Trytony propose Tańce Bydgoskie [19], un acte fondateur. Si le mouvement Yass, qui accompagne la chute du mur, était un vrai mouvement punk, au sens politique du terme (libertaire et anticapitaliste), il s’éteint ou plutôt se dissout avec le siècle, même si on en retrouve l’ADN dans des labels comme Alpaka Records. Une figure reste mythique : le clarinettiste Jerzy Mazzoll et son orchestre Arhythmic Percussion, qui a vite opéré la transition vers l’avant-garde et la musique improvisée. En 1996, il enregistre un magnifique Out Out to Lunch [20] avec son vieux compagnon le contrebassiste Sławeck Janicki. On les retrouvera tous les deux en 2020 aux côtés de Roscoe Mitchell pour Four Sure.
Les labels pullulent en Pologne, et sont souvent des références
Au début du siècle s’opère un changement de paradigme. Si la Pologne accueille des musiciens de jazz du monde entier depuis les années 50, Varsovie et d’autres villes deviennent carrément des terres d’accueil, notamment en produisant des disques. Les labels pullulent en Pologne, et sont souvent des références, s’inscrivant dans la droite ligne des archives de la radio estampillées Polish Jazz. La tête de pont de cette profusion est assurément Not Two, né en 1998 de l’envie de Marek Winiarski d’aller plus loin que son magasin de disques de Cracovie. Si le premier disque est à mettre au crédit du talentueux saxophoniste polonais Adam Pierończyk et de son ami pianiste Leszek Moźdźer (Live in Sofia, 1998), le label est international : Anthony Braxton en 2003 (ABCD) ou Rodrigo Amado en 2015 (This is Our Language)… Et des dizaines de rencontres de musiciens polonais, du contrebassiste Michał Mazur avec François Carrier et Michel Lambert [21] aux frères jumeaux Bartlomiej (d) et Marcin Oleş avec l’Autrichien Theo Jörgensmann (Miniatures, 2003) [22]. Not Two a un rôle pivot dans la musique créative mondiale. Elle aussi devenue rapidement une institution, la Fundacja Słuchaj ! a, comme Not Two, un regard international : Joëlle Léandre y côtoie Gerry Hemigway ou Joe Morris. De-ci de-là, le label suit tout de même la crème de la scène actuelle polonaise, du contrebassiste Maciej Garbowski (membre du très impressionniste trio RGG), au trompettiste Wojciech Jachna ainsi que la chanteuse Anna Gadt. Nous avons proposé un récent focus sur ce label.
D’une manière plus alternative, le jeune label Alpaka présente tout un pan de la jeune génération, comme le violoniste Tomasz Chyłą qui renoue avec la tradition des violonistes de jazz polonais, en quintet avec Emil Miszk à la trompette qui joue également dans le très contemporain Michał Bąk Quartetto. Nous avions proposé un focus sur ce label passionnant. Le petit label Bocian présente lui aussi un catalogue riche, où se croisent Fred Lonberg-Holm et Matt Gustafsson. On s’intéressera singulièrement au batteur Adam Gołębiewski, une figure de l’avant-garde mondiale. Parmi les maisons solides, notons l’élégant label Anaklasis [23] qui ouvre une fenêtre sur les liens forts entre musique écrite occidentale et jazz, défendant des musiciens comme Piotr Orzechowski. Un label fugace comme Fenommedia a permis, outre de nombreux disques des frères Oleş, d’amener à nos oreilles le trompettiste Tomasz Dąbrowski, installé depuis des années à Copenhague. Son récent Better avec son orchestre The Individual Beings chez les Danois d’April Records présente une belle facette de la jeune génération polonaise. Ailleurs, le chanteur Grzegorz Karnas est enregistré aux bons soins de BMC, et Maciej Obara perpétue les liens avec ECM.
- Maciej Obara quartet © Mikolaj Zacharow
Ce renouveau s’appuie sur un réseau de festivals vivace, que nous couvrons régulièrement, comme le Jazztopad de Wrocław, le Katowice JazzArt ou l’INTL JazzPlatform de Łódź dont la curatrice est Karolina Juzwa, sans parler des Jazz Juniors de Cracovie, confié à Adam Pierończyk, qui nous avait permis de découvrir le violoniste Stanisław Słowiński. Parmi les festivals plus récents, qui démontrent la vigueur du pays, on notera le Jazzowa Jesień (l’automne jazz), parrainé puis dédié à Tomasz Stańko. Parallèlement, les historiques Sopot Jazz Festival et Jazz Jamboree perdurent. Cette année, Kris Davis y croisait Tomasz Chyłą. Quant à Varsovie, la capitale peut compter sur un club comme le Pardon, To Tu. C’est grâce à cette floraison de scènes que la sensation d’un constant renouvellement de la scène polonaise perdure. Car, du passionnant multianchiste Marek Pospieszalski à la pianiste Marta Warelis en passant par la batteuse Patrycja Wybrańczyk, la violoniste Amalia Obrębowska et son Umeda Quartet ou le batteur Szymon Gąsiorek, on ne saurait être exhaustif, même si certains de ces musiciens ne résident pas en Pologne.
Le printemps polonais ne cessera pas de briller.