Scènes

Monheim Triennale largue les amarres

La Triennale tant attendue depuis le Covid a enfin eu lieu !


Monheim sur le Rhin est une petite ville située entre Düsseldorf et Cologne. Le festival Monheim Triennale, entièrement soutenu par la ville et son jeune maire dynamique Daniel Zimmermann, se déroule sur cinq jours du 22 au 26 juin 2022. Premiers retours sur ce marathon du jazz et de la création mondiale.

Ingrid Laubrock « Dreamt Twice, Twice Dreamed » sur la grande scène du MS RheinGalaxie.

Cet évènement réunit avec succès le jazz contemporain, la musique improvisée, l’électronique et la musique (classique) contemporaine. Le public très à l’écoute - comme l’est souvent le public allemand en matière de musique - ne manque aucun des concerts présentés sous forme de marathon : trente-six concerts sur quatre jours dont une création spectaculaire (plus de vingt musiciens) sur les rives du Rhin en ouverture et un final en « garden party » avec cinq représentations dans un parc de la ville. Les concerts se déroulent pour la plupart sur un magnifique bateau de croisière dédié au festival, amarré à quai, où l’on s’amuse, comme sur toutes les croisières.

Deux scènes, dont une grande qui peut recevoir une vingtaine de musiciens, permettent aux concerts de se succéder. Une plus intimiste à l’avant du bateau pour les petites formes en duo ou trio. Le Sojus, une salle de spectacle, ainsi qu’une église et un café complètent les lieux de diffusion. À noter que l’ensemble des spectacles se suit sans recouvrement, ce qui permet au public de ne rien manquer. E la nave va.

Ex Eye projet de Colin Stetson sur la scène du Sojus.

Reiner Michalke , programmateur du festival, a proposé à seize des nombreux.ses musicien.ne.s invité.e.s des projets « Signature », label de cette édition pour les créations préparées ou improvisées. Ceux.elles-ci peuvent inviter autant de musicien.ne.s que possible, jusqu’à former un orchestre. C’est même la particularité de ce festival, puisqu’on retrouve les mêmes musicien.ne.s dans différentes formations, notamment les petites formes improvisées à deux ou à trois sur la petite scène : l’enrichissement et la passation par l’échange et la rencontre. Fluctuat nec mergitur.

Difficile de parler de coups de cœur tant la qualité et l’originalité des projets proposés semblent être la marque du festival : Kris Davis, Ingrid Laubrock, Stian Westerhus, Shahzad Ismaily, Colin Stetson, Ava Mendoza pour ne citer que ces artistes.

Zoh Amba © Christophe Charpenel

Néanmoins les découvertes de talents sont nombreuses et marquantes, comme avec les saxophonistes Zoh Amba et Maria Grand, la bugliste Milena Casado invitée par Kris Davis, la bassiste belge Farida Amadou, Park Jiha multi-instrumentiste coréenne (dont l’orgue à bouche).
Il faut aussi noter, en plus de l’interconnexion internationale qui compose la programmation, l’équilibre quasi parfait des genres entre les musicien.ne.s, preuve évidente qu’à défaut de tables rondes sur « la place des femmes dans le jazz », il est possible de les voir occuper la moitié des chaises, ni plus, ni moins… Comme sur l’Arche de Noé !